d’après UNDER-THE-SKY (partie première)

de Michele Salimbeni

 

 

 

Du seul ciel la descente s’opère

par les axes du monde incarnés par les arbres sur terre.

 

Sur terre, il y a une humaine, fillette,

qui se souille les mains à laver à la main une vitre

pour retrouver sa transparence.

Pour retrouver la transparence, il est requis de se souiller les mains.

 

La marionnette elle, sans âme, ne se souille jamais, et ne se nourrit pas ;

et l’humaine a beau tendre du pain

la marionnette ne peut pas s’en emparer

– alors autant jeter le pain à l’eau :

Ne jetez pas vos perles aux pourceaux, ni votre pain aux marionnettes.

 

Sur terre, il y a une ville, déserte

aux maisons faites d’angles, carrés profanes, et fenêtres fermées.

Et la fillette y fait tourner son faux bébé

et crée un cercle dont le centre est elle-même,

le moyeu immobile qui meut

la mort circonférente pour

l’animer

et animer l’inanimé

elle aboutit au cercle ouvert et lié

des églises

aux arcades.

Cela donne ou grandit le désir de monter…

Et comment ! Et comment ?

 

Un avion étoilé pour conduire aux étoiles ?

Mais regarder dans les entrailles de l’engin

fait saigner

– alors, autant marcher.

 

Autant marcher

sur un chemin non machiné mais ascendant,

courbé comme les courbes des esquisses du ciel cercle.

 

Sur ce chemin, on finit par trouver une grille qui ouvre sur l’Éden, sépare de l’Éden.

Il faut la secouer pour la mouvementer.

 

La fillette atteint l’axe,

l’un des axes noueux de ce monde

nœud nouant bas et haut :

Elle essaie de voler mais ses bras sont sans ailes sans elle.

Il faut trouver une autre voie, autre moyen,

un autre lieu intermédiaire, moyen, où se hausser, moyen pour se hausser.

 

L’eau, où le ciel se reflète ?

Sur un chemin qui longe l’eau,

s’alimenter avec des baies nées près de l’eau

pour mettre enfin les pieds dans l’eau,

reflet du haut

et cette eau, reflet du haut, la déranger pour la mouvementer.

 

Atteindre le ciel par l’image ?

Dessiner sur le sable éphémère

deux arbres fondus en un arbre nourri par le cercle soleil

et l’amour cœur avec en lui l’étoile.

 

Un véhicule renversé ?

Stoppé sur un chemin,

inapte à cheminer sur l’horizon, apte peut-être au vertical ?

Tourner sa roue la plus haute

à l’intérieur s’y allonger sur la toiture mise au sol

allumer la radio

et entendre :

« Qui a tué le futur ? »

 

Mais la fillette ressort nue

main dans la main avec son futur lui vêtu.

Il faut se mettre à nu aujourd’hui

pour laisser vivre son futur.

 

Et pointer dans un cirque circulaire

son arme sur la mort

tuer le non-manifesté – la tuer

pour angoisser son futur nu, qui chute.

 

Pourtant, le futur chu était celui concrétisé.

Alors demeure la fillette

le futur potentiel non tué

qui se réveille

à l’intérieur du véhicule renversé.

 

L’enfant est le grand ennemi, le premier,

du temps.

 

Et après le sommeil,

sur le plafond du véhicule,

au réveil,

reprendre le chemin, se mettre à nu

lever les bras au ciel et tourner sur soi-même

devenir ligne droite verticale giratoire

au centre du cercle ciel sur terre.

 

Mais Mind is the killer

– l’entendement

mais pas l’esprit,

l’entendement n’est pas l’esprit,

mais c’est l’entendement analytique détaché du synthétique esprit vivant.

 

Le véhicule renversé disparaît du chemin

ne reste plus que le chemin sans véhicule

ne reste plus que le chemin.

 

Alors, courir, enfin courir

sur la route

après lavés ses pieds de lait

courir jusqu’à ce banc

sur la route.

 

Et voici que sur terre, il y a une humaine

assise sur un banc à longs barreaux horizontaux et face à l’eau :

elle est l’axe dressé

au milieu des multiples états d’être verticaux.

 

Paris, E.N.S. rue d’Ulm, le Vendredi 15 Février 2013