PRINCIPES DE DÉPROSIFICATION
DES CHANTS D’UTOPIE
« Mercredi 2 Février 2011 / grâce à p. 149 /
je me ressouviens / d’une issue convenable / à ma déprosification »
Marginalia sur Le Principe Espérance, I, d'Ernst Bloch
Je ne veux pas révolutionner la forme
mais le fond du comble.
Je veux la sincérité (de la musique)
(pas des gnagnas du nombril authentique qui crie autant de tics)
et non pas les pseudo-étincelles formelles
du premier arriéré d'avant-garde venu.
*
Le prime jet est en vers
comme, se succédant, de multiples jets irréguliers d’une même fontaine.
Mais le vers je ne l’assume jamais au début
et soudain prosifie
pour « masquer » la poésie par habitude crue en vers
et puis aussi, peut-être, pour que la forme soit conforme
au préjugé que l’on se fait
d’une écriture narrative.
Cependant ce dernier point ne se tient pas : il est idiot.
Et c’est surtout la sensation désagréable
d’avoir une forme de vers alors que vraiment
on ne voit pas à quoi ça sert.
Bref : les premiers vers se camouflent (mais s’entendent) sous la prose
QUAND SOUDAIN
La lecture à voix haute du Chant
me pousse à griffonner sur cette prose afin d’y (re)marquer les pauses.
Le Chant en prose est, pour lecture à voix haute, une insatisfaisante partition.
D’où
la première volonté de déprosification
pour muer le Chant écrit en partition pour Chant oral
Or
on ne va pas réinventer pour la millième fois : l’eau tiède.
Le vers existe
ou plutôt ce qui existe c’est LE BLANC
réparti dans la page.
Il ne s’agit surtout pas de faire joli.
L’intention
est utilitaire.
Les lendemains ne chantent pas forcément
MAIS IL FAUT CHANTER LES LENDEMAINS
(dont les germes sont dans le soubassement
de notre présent.)
Or chanter nécessite une partition, du moins imaginale.
LA PARTITION IMAGINALE
du Chant
est destinée à se ficher
dans tous les Cœurs Intellectifs.
Vers et prose
sont
peuvent être
irrigués par la même Poésie.
devraient être
doivent être
Aller à la ligne instaure un silence indéfini
dont l’arrêt peut durer ou cesser aussitôt.
Mais le blanc, petit, petit par exemple autant que l’espace occupé par 9 lettres
ce blanc petit entre deux mots sur une même ligne
désigne un silence qui peut ressembler au musicaux soupir, demi-soupir.
Ce silence petit, il surgit dans une continuité
sans peut-être la briser :
car ce silence sur la ligne fait partie de cette ligne continue.
C’est pourquoi
aucun Chant d’utopie n’a à être tout en prose ou tout en vers.
Ni même, d’ailleurs, avec des vers délimités dans des espaces laissés vierges par des blocs massifs (ou pas) de prose.
C’est LE RYTHME
qui COMMANDE.
Même dans la prose, la ponctuation en fait des vers (pas si) cachés (que ça).
Tout est réglé.
Dès que rentré, j'harmonise tous Chants.
en 1 heure & en train depuis Lyon, le Jeudi 3 Février 2011